Si l’on pense d’abord à son « folklore pittoresque, fait de personnages légendaires, de couleurs chatoyantes et de motifs floraux, avec l’Europe orientale comme horizon géographique. La culture slave est cependant bien plus riche, nuancée et contrastée que cette image d’Épinal », relève Antonio Cuenca Ruiz, le co-programmateur d’Arsmondo.

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Le festival qui, comme à chaque édition, part à la rencontre d’une culture hors de nos frontières, ne se satisfait jamais que des clichés qui lui sont rattachés. S’amusant avec, tout en montrant la diversité et les nuances qui la traversent, Arsmondo s’attache à nous faire découvrir ces mondes inconnus.

Pour cette édition « slave », l’Opéra national du Rhin (OnR) décide d’ailleurs de pluraliser le mot et de parler de « cultures slaves », tant la région concernée est étendue : allant « des frontières de l’Allemagne à la Sibérie jusqu’aux rives de l’Adriatique et de la mer Noire, se perd[ant] dans les contrées de l’Asie Mineure [pour ressurgir] dans les îlots de son importante diaspora ».

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Et si l’Ukraine est aujourd’hui au cœur de l’actualité, le festival s’y penchait déjà avant l’invasion de celle-ci par la Russie. Cependant : « le rôle d’un festival comme Arsmondo est de créer un espace pour entamer des discussions et des réflexions qui mettent cette actualité en perspective avec ses enjeux culturels, idéologiques et historiques profonds » conclue son co-programmateur.

Qu'y verra-t-on ?

Nous te parlions d’une trentaine d’événements. Ceux-ci seront programmés sur trois semaines, du 21 avril au 14 mai, dans douze lieux de la ville : à l’occasion de son festival, l’OnR sort de son opéra, avec des propositions originales, pour toutes les curiosités et tous les âges. Mieux : une grande partie d’entre eux sont gratuits, ou à petits prix !

De la musique !

Il aurait été étonnant de ne pas voir de la musique dans ce programme, conçu par l’opéra strasbourgeois. Il y aura donc plusieurs concerts et récitals.

Notons Jazz et musique traditionnelle ukrainienne, où le groupe strasbourgeois Fuz4tet marie les rythmes jazz et le lyrisme ukrainien ; le poétique Nous nous sommes rencontrés sur une étoile, un programme imaginé par le collectif strasbourgeois lovemusic qui fait résonner l’ancien comme le contemporain, mélange les langues, la voix et les instruments, la France et les pays slaves.

Pour partir explorer les sonorités slaves, l’ensemble Linea nous embarquera À l’air libre, où « où les flûtes Renaissance et le théorbe dialoguent avec les instruments modernes ».

Plus tradi’, Le Conte du Tsar Saltane de Nicolaï Rimski-Korsakov, un opéra créé en 1900 d’après le conte d’Alexandre Pouchkine. Une fable qui nous plonge dans les légendes russes sur une île magique, où l’on croise une Princesse-Cygne, un magicien, une Tsarine et son fils, notre valeureux héros.

Des performances avec du dessin et de la danse

Indissociable du ballet russe : le magnifique Lac des Cygnes de Tchaïkovski dont Olga Dukhovnaya, danseuse, chorégraphe et pédagogue d’origine ukrainienne devait en livrer une version au nouveau musée de Moscou. On apprend ici que « depuis la chute de Gorbatchev, la télévision nationale diffuse le ballet de Tchaïkovski à chaque fois qu’il y a un événement d’actualité trop brûlant »…

Après un confinement et la guerre en Ukraine, l’artiste décide de s’en emparer pour mieux le déconstruire, de façon « radicale ». Dans Swan Lake Solo, elle livre une chorégraphie d’aujourd’hui, « une création où se concentre tout le corps de ballet dans celui d’une seule interprète. Le sien. ». Présenté dans la salle des fêtes de l’Aubette, ce spectacle est à entrée libre.

Autre proposition originale du festival : la performance dessinée Les Droits humains en dessin, elle aussi en accès libre.

Entre conférence, illustration en direct et dialogue avec le public, Arsmondo nous invite à rencontrer la juge tchèque Katerina Simackova et Mykola Gnatovskyy, juge ukrainien à la Cour européenne des droits de l’homme.

Aux côtés du dessinateur de presse Piet et du vidéaste Tristan Kopp, les deux juges nous feront un cour d’histoire des droits humains de leur pays, au travers de quelques figures-phares. Une manière de comprendre l’identité du monde slave et ses tiraillements entre Est et Ouest.

Des expos et des projos !

Pour Arsmondo, l’espace Apollonia ouvrira ses portes (gratuitement également) à l’exposition plurielle À l’image et à la dissemblance qui « arpente les terres slaves, en livrant une vision (dé)fragmentée » au travers d’une vingtaine d’artistes.

Pour les bibliophiles, direction la Bibliothèque des langues de l’Université, à la découverte de manuscrits et volumes rares : Livres interdits. Livres impossibles. Livres évadés.

Elle y exposera entre autres des livres publiés en Europe de l’Ouest pendant la période soviétique, et censurés sur le territoire soviétique, des auteurs « diffusés sous le manteau », et autres ouvrages « qui ont traversé des frontières, à une époque où le Rideau de Fer divisait l’Europe en deux ».

Plutôt cinéphile ? Arsmondo a pensé à toi avec un cycle de projections de cinéma ukrainien, de films récents et inédits en France. Projeté gratuitement à l’Université de Strasbourg, le documentaire La Cacophonie du Donbass de Igor Minaev (2018) construit à partir d’archives de films documentaires et de fiction confronte la vision de la vie quotidienne par la propagande soviétique et « la vitrine idéologique » que représentait le Donbass, et celle, plus réaliste, d’« une vie cachée, dérobée aux regards ».

Autre petite pépite, diffusée gratuitement au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg : My Thoughts are Silent, une comédie dramatique d’Antonio Lukich (2019).

Le film s’annonce doux, touchant et un poil absurde, et parle d’un jeune preneur de son obligé d’aller enregistrer pour une société de jeux vidéo canadienne des bruits d’animaux dans les Carpates, à l’ouest de l’Ukraine. Revenant à cette occasion dans sa ville natale, il se confronte à sa mère qui profile pour lui une autre destinée, à base de famille et travail en Ukraine, quand lui rêve d’un ailleurs.

Des rendez-vous pour tous et toutes

Outre les productions artistiques, le festival prévoit d’autres rendez-vous… Plusieurs conférences gratuites auxquelles assister à la BNU comme Femmes et sorcières dans le folklore slave ou Contester par la musique sous régime autoritaire, ainsi que des rencontres.

Pour sensibiliser les plus jeunes aux cultures d’ailleurs, Arsmondo leur dédie à chaque édition un temps : La journée des enfants.

Avec des artistes plasticiennes, nos juniors se plongeront « dans les couleurs et motifs slaves et pourront repartir avec de jolies Matriochkas » ; s’initieront au chant choral sur de la musique tchèque ou à la danse polonaise, quand d’autres « partiront en voyage, peut-être accompagnés de leurs parents, dans des steppes lointaines, au travers de contes accompagnés d’une guitare ».

Alors Arsmondo, en bref ? …C’est un fascinant et palpitant voyage à faire à tout âge !

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