Ce samedi face à Angers, 20e de Ligue 1, le Racing entame une mission commando pour sauver sa peau. Un marathon qu’elle entamera avec un nouveau guide : Frédéric Antonetti. Un entraîneur rugueux, ferme, pris pour redresser le club au plus vite. Une nouvelle étape dans une saison qui ne ressemble à aucune autre.
Drôle de semaine que vient de vivre le Racing Club de Strasbourg. Au sortir d’une nouvelle défaite face à Lille 2-0, la situation n’était pas rose pour nos Bleus et Blancs. 17e place du championnat, une première mi-temps vide d’intentions, de courage et de plan de jeu et surtout une bagarre entre Liénard et Kandil qui a fait le tour de la planète foot.
Sentant qu’il fallait réagir, pour la énième fois de la saison, Marc Keller a décidé d’activer son option préférée ces derniers temps : changer d’entraîneur. Exit Mathieu Le Scornet, auteur d’un parcours honorable à la tête des Bleus et Blancs. Bonjour Frédéric Antonetti, ex-entraîneur de Bastia, Nice, Saint-Étienne, Lille, Rennes ou encore Metz avec plus de 600 matchs en Ligue 1.
Antonetti ou la carte de l’expérience
Une grande expérience qui a sans doute pesé dans la balance de la décision de Marc Keller. Si les termes « mission commando » peuvent sembler galvaudés, ils représentent néanmoins bien la direction dans laquelle est embarqué le Racing. Tout simplement, le club doit sauver sa peau à l’issue d’une saison avec 4 descentes sèches, et où le droit à l’erreur rétrécit à chaque journée qui passe. Il faut donc un pompier, quelqu’un qui a l’expérience de ces situations.
Mathieu Le Scornet, spécialiste de la formation et très apprécié des joueurs, semblait trop tendre et trop inexpérimenté pour une telle mission. D’ailleurs, pas sûr que Julien Stéphan, au vu de ce qu’il a montré dans les périodes compliquées, aurait pu le faire. Dans la logique de Marc Keller, il fallait donc faire appel à un coach opérationnel tout de suite. Antonetti était prêt, il sait arriver en cours de saison et redresser la barre. Le choix était fait.
Les nouveaux mantras : travail, confiance et attitude
Lors de la conférence de presse d’intronisation, on a pu se rendre compte de ce qui attendait le Racing pour les 15 derniers matchs de la saison. Beaucoup de termes ont été répétés, et parmi eux : « travail », « confiance », « attitude » et « dynamique ». Lui ne sera qu’un « guide », qui devra se servir de sa grande expérience pour redonner confiance aux joueurs. Et pour cela, rien de mieux que le travail, mantra utilisé presque ad nauseam mardi dernier.
Depuis, Frédéric Antonetti, très souriant et détendu lors de sa présentation, a joint la parole aux actes. En d’autres termes, qu’il affectionne : il s’est mis au travail. Il a ainsi dirigé ses première séances d’entraînements cette semaine, et les joueurs ont pu se rendre compte de l’intensité qu’il souhaite imprimer au Racing. Notamment Habib Diallo, qui retrouve son ancien entraîneur à Metz, qui a déclaré que « cela faisait trois ans que je ne m’étais pas entraîné comme ça ».
Quelle équipe samedi, et quel style de jeu ?
Pour l’instant, une grande donnée reste absente des prises de parole du nouvel entraîneur du Racing : le jeu. Le flou persiste à ce niveau, bien entretenu par un Antonetti qui a néanmoins déjà avoué avoir des idées quant à la forme que prendra l’équipe du Racing. Sans doute seule curiosité tactique de la venue du nouvel entraîneur, la future composition d’équipe a pour l’instant été gardée secrète. Et que les supporters ne s’attendent pas à une révolution ; ce n’est pas le style de la maison.
De toute façon, on ne va pas se mentir : dans la situation du Racing, difficile de s’attarder sur des systèmes de jeu, des tactiques, des discours de ballon et de style de jeu. Il est bien plus facile de parler tactique et jeu lorsqu’on joue pour l’Europe ; lorsque l’on se retrouve à sauver sa peau à chaque match avec une pression folle, les tripes comptent sans doute plus que la tête. Et voir un Racing se battant sur chaque ballon et refusant de baisser la tête, ça changerait un peu. Donc finalement, qu’importe le beau jeu, pourvu qu’on ait le maintien.
Une certaine forme de déception
Ressenti purement personnel, mais lorsque Frédéric Antonetti a été annoncé au Racing, la déception a été grande. Non pas pour le choix de l’entraîneur en lui-même, tout à fait compétent pour la mission qu’on lui demande de remplir. Mais plutôt dans ce que cela dit des choix de la direction depuis le début de la saison. Comme son équipe, celle-ci a été en retard sur toute la ligne, prenant tous ses choix dans la réaction et non pas l’anticipation : un mercato d’été réalisé en hiver, des prises de parole trop tardives et un sentiment global d’être dépassé par ce qu’il se passe.
Il y a également l’impression que la parenthèse enchantée de l’an dernier est bel et bien terminée. Alors que le club prenait Julien Stéphan pour démarrer un cycle plus ambitieux pour se structurer encore plus dans le haut du tableau, dès les premiers vents contraires, le Racing repart sur de vieilles recettes, comme tant de clubs en Ligue 1 qui galèrent : virer son coach et engager quelqu’un uniquement pour sauver sa peau. Pour un club qui vante depuis longtemps sa différence, ses récents choix sonnent très familiers.
Bien entendu, le plus important reste le Racing. Que l’on soit d’accord ou pas avec la direction et ses choix, il faudra être derrière le club. Car, si maintien il y a, la satisfaction de voir notre club rester en Ligue 1 primera sur tout le reste. Même si elle n’empêchera pas de dresser un bilan sévère d’une saison ratée sur tous les points.
En pleine mission commando, désormais, le Racing a 15 matchs pour sauver sa peau. Et ça débute ce soir face à Angers. Soyons honnêtes, l’essentiel ne sera de toute façon pas le jeu. Pour reprendre une maxime tellement éculée qu’elle est désormais devenue une blague : l’important, ce seront les trois points. Parce que, en cas de défaite, la mission commando risque fort de se terminer avant même d’avoir pu débuter.