Avec l’arrivée du froid ces derniers jours, quoi de plus jouissif que de se glisser sous un plaid pour se plonger dans des livres d’images colorées ? C’est comme ça que nous avons découvert les aventures de Violette, une jeune fille aux pouvoirs magiques, qui nous entraîne vivre une folle aventure dans son école. Nous sommes allés à la rencontre de sa créatrice, Émilie Clarke, illustratrice et autrice de BD strasbourgeoise, pour parler de son métier (et d’un dauphin à petites fesses qui nous a fait rire), autour d’une tasse de thé bien chaude.
“Violette, c’est l’histoire d’une petite fille qui fait une visite médicale, c’est alors que le médecin se rend compte qu’elle est myope. Elle est dépitée car à l’école, c’est un peu la honte d’avoir des lunettes, et elle a peur qu’on se moque d’elle, surtout cette chipie de Lisa qui l’embête tout le temps. Violette se rend donc chez l’opticien, qui est en fait une sorte d’Ollivander – le vendeur de baguettes de sorciers dans la saga Harry Potter- qui lui donne une paire de lunettes magiques. Petit à petit, Violette se rend compte qu’elle a des pouvoirs ; elle voit des choses que les autres ne voient pas : les mensonges, les secrets et les contrôles surprises, mais aussi un fantôme dans l’école. Elle se lance dans une grande enquête pour en savoir plus sur la présence de celui-ci”. C’est avec ses mots qu’Émilie Clarke nous parle des aventures de l’héroïne de sa première BD, Violette et les lunettes magiques, publiée chez Biscoto en mars 2021. “Un livre accessible dès que l’on sait lire”, précise l’autrice. L’ouvrage de la Strasbourgeoise a immédiatement connu le succès dans le grand monde de la littérature jeunesse, à tel point qu’il est maintenant traduit dans plusieurs langues et s’exporte dans le monde.
Une BD inspirée de faits réels
Au départ, Émilie Clarke ne se destinait pas à faire de la bande-dessinée. En 2018, fraîchement diplômée de la HEAR à Strasbourg, elle était un peu perdue, et avait du mal à visualiser la suite des événements : “Je ne savais pas ce que j’allais faire de ma vie…” Mais coup du sort, elle est rapidement contacté par la rédaction de Biscoto, un magazine mensuel de bande dessinée destiné aux enfants ; la rédaction a eu un coup de cœur pour son travail, et a très envie de collaborer avec elle. Émilie est un peu hésitante au début : “Quand j’étais petite, je lisais beaucoup de BD. Je savais que je voulais en faire, mais pendant mes études, j’avais plus ou moins abandonné l’idée”. Bien aiguillée par ses éditrices, elle décide cependant d’oser l’aventure, et imagine les aventures de Violette en s’inspirant de sa propre expérience d’enfant taquinée à cause de ses binocles.
Cette BD, c’est un bon moyen pour elle de pasticher le monde, et de transformer une visite médicale un peu déprimante en point de départ d’une folle odyssée : “Ce qui me plaît dans la BD, c’est de pouvoir créer un univers rigolo en m’inspirant du monde qu’on connaît, de faire quelque chose entre réalité et bizarrerie. J’aime trop faire des personnages qui ressemblent à mes proches, ou qui me font rire, et du coup, je mets n’importe quoi dans mes dessins”.
Strasbourg et ses habitant(e)s comme source d’inspiration
Si le coup de crayon d’Émilie ne vous est pas inconnu, c’est peut-être que vous êtes un(e) habitué(e) du bar La Solidarité à Strasbourg, et que vous avez déjà eu la carte qu’elle a créée pour l’happy hour entre les mains. Ou bien que vous vous êtes extasié devant l’affiche Balade en ville qu’elle a créée en 2021 dans le cadre de l’Été culturel de la Ville de Strasbourg. La ville avait en effet mis à disposition des espaces d’affichage pour dix illustratrices, dont Émilie, qui avait réalisé une affiche colorée, peuplée de créatures croquignolettes (dont le fameux dauphin fessu qui nous a fait rire, on vous laisse le trouver).
Émilie Clarke vit et travaille à Strasbourg, une ville qui lui est chère puisqu’elle y a grandi, mais aussi qu’elle y puise de l’inspiration : “J’aime bien ce côté médiéval, qui côtoie des immeubles tout neufs, ça me donne plein d’idées pour des décors dans les BD”. Mais son inspiration, Émilie la trouve aussi en observant les Strasbourgeois(e)s dans sa vie quotidienne : “Bosser en tant que serveuse dans un bar m’a permis de voir plein de caractères et de visages qui m’ont inspirée pour mes personnages. J’adore écouter ce que racontent les gens, les observer, c’est ça qui m’inspire et qui me donne un énorme panel de visages, et de caractères différents à dessiner”.
Les mois à venir s’annoncent riches pour l’autrice et son armée de gentils monstres, puisque fort de son succès, elle s’est vu commander une suite des aventures de Violette, avec une sortie prévue fin août 2022. La rentrée sera donc prolifique pour Émilie, puisqu’elle se trouvera également aux côtés d’autres illustrateurs dans le cadre d’une exposition organisée par Livr’Est en septembre, un magazine dédié au livre pour lequel elle a réalisé une couverture.
En attendant les nouvelles aventures de Violette, vous pouvez vous procurer le premier tome de ses aventures dans toutes les bonnes librairies de Strasbourg, et suivre le travail d’Émilie Clarke sur sa page Instagram ou son site internet.
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