Parce que Strasbourg regorge de sports confidentiels, insolites et passionnants, Pokaa continue sa série de découverte des sports méconnus à Strasbourg. Aujourd’hui, découvrons le football gaélique avec l’équipe de Strasbourg. On a testé, on a joué et on a trinqué, dans tous les sens du terme !
Le temps était beau et le ciel était bleu le samedi 19 mars dernier au stade de l’Ill près du Parlement européen. Bien remis de la Saint-Patrick deux jours auparavant, les joueuses et joueurs du Football gaélique Strasbourg s’étaient donné rendez-vous pour un entraînement matinal. On est une petite dizaine, loin des grandes affluences des entraînements pré-tournoi, où jusqu’à quarante joueurs peuvent venir. Une séance tranquille donc, à laquelle on a pu participer, pour découvrir ce sport insolite, qui mêle notamment le football et le rugby. Spoiler : c’était franchement sympathique.
Un sport encore confidentiel
Pourtant, il reste fort probable que vous n’ayez jamais entendu parler du football gaélique, ou même qu’il existe un club à Strasbourg. La raison est simple : il n’y a qu’un seul club dans toute l’Alsace. Et l’équipe la plus proche géographiquement de celle de Strasbourg se trouve… à Paris. Avec moins de 1 000 licenciés en France aujourd’hui, répartis dans 25 clubs, le football gaélique se place encore dans la colonne des sports très confidentiels. Sauf en Bretagne, où le sport est davantage développé. Normal, au vu de ses origines irlandaises, puisque c’est le sport le plus pratiqué en Irlande.
Selon Maël, président du club, ce dernier a été créé en 2019. Depuis 2020, il fait partie du Strasbourg Université Club (SUC). Après deux ans passés sous cloche pour cause du Covid, le club a pu participer à ses premières compétitions. Il y a même eu la première manche du championnat de France de football gaélique à Strasbourg le 19 février dernier. Toute la journée, l’équipe strasbourgeoise a donc eu la possibilité de se frotter aux autres équipes françaises. Et a terminé à une huitième place, qui les met pour le moment en troisième division.
Un mélange entre foot et rugby
Néanmoins, le sport mérite qu’on s’y intéresse. Déjà, parce que ses règles sont un peu barrées : héritage de la culture irlandaise, on peut utiliser ses mains et ses pieds pour jouer. Un peu comme si le football et le rugby s’unissaient. Le but du jeu ? Marquer… des buts. Soit dans une cage de foot, auquel cas on met trois points. Soit entre des poteaux de rugby, auquel cas on met un point.
En outre, une des règles les plus compliquées à appréhender, surtout pour quelqu’un souffrant d’un manque de coordination chronique, reste celle des quatre pas. Plus concrètement, tous les quatre pas il faut soit faire une passe à la main ou aux pieds, soit un jongle ou rebond. Clairement, c’est un coup à prendre. Il y a également la règle dite du « pick-up » : lorsque la balle est au sol, on n’a pas le droit de se baisser pour la ramasser directement. Il faut se baisser et donner un petit coup de pied. Enfin, on n’a pas le droit aux tacles ni aux plaquages. Les coups d’épaule, sur la même ligne d’épaule, sont en revanche autorisées, sauf pour les matchs féminins. Si vous souhaitez avoir une petite idée de ce que cela peut donner, allez regarder la série Normal People, le personnage principal y joue.
De l’importance de savoir tirer
Néanmoins, maintenant qu’on est sur le terrain, le sport reste très accessible. Comme le dit Maël : « On utilise ses mains, ses pieds, le cardio est important. Quelque soit le sport pratiqué avant, on peut facilement s’y retrouver. En plus, l’un des avantages c’est que la liberté sur le terrain est plus importante ». Au début de l’entraînement, on s’échauffe. Le coach donne ses instructions, tout le monde se tape dans les mains et c’est parti. Avec toujours une petite sono pour motiver les troupes, les corps deviennent progressivement chaud. On enchaîne avec et sans ballon. Désormais, il est temps de passer aux exos.
Ce samedi, c’est atelier tir. Il faut dire que l’exercice est des plus importants, puisqu’il rapporte les points. Si quelques exercices sont individuels, la plupart d’entre eux doivent se faire en équipe. On combine avec son partenaire et on tente de ne pas trop être ridicule face au but. Les crampons sont recommandés, parce que les chaussures de running ne protègent guère d’un tir raté. Mon pied droit en a fait l’amère expérience. On tente d’abord « d’assurer », en visant entre les poteaux. Puis on tente de viser un peu plus et de marquer face au gardien. C’est ludique, on se prend vite au jeu. Et on ne voit pas le temps passer.
Une chouette ambiance
Après l’entraînement, place à un peu de compétition avec un petit match. Il fallait un gardien et, comme dans la cours de récré, c’est le moins bon qui s’y colle, donc moi. Les combinaisons travaillées ressortent, les esprits s’échauffent parfois un peu, stimulés par la compétition. Changement d’ailes, permutations, les amateurs de rugby et de foot ne seront pas dépaysés. À la fin du match, toute la pression retombe et on passe à un autre type de pression. Pour fêter la paternité récente du coach, on sort quelques bières. Après l’effort, le réconfort.
Mais c’est surtout la preuve de la bonne ambiance qui règne dans le football gaélique, et dans le club de Strasbourg. Comme le le dit Maël : « Il y a moins de 1000 licenciés en France, donc dans les tournois, tu te fais vite des potes. C’est souvent très festif. Le football gaélique, c’est une belle communauté. Tu peux t’arracher la gueule sur le terrain et t’iras faire la fête ensuite. C’est aussi une bonne manière d’apprendre l’anglais ». En outre, le football gaélique permet de découvrir une autre culture : celle de l’Irlande. Le club strasbourgeois organise parfois des initiations aux danses, musiques et langues gaéliques. Un sport qui finalement promeut la culture irlandaise et dépasse le simple cadre sportif.
D’ailleurs, si vous êtes intéressés par le football gaélique, le club de Strasbourg organise une initiation le 2 avril prochain, de 10h à 12h au stade de l’Ill du Wacken. Un bon moyen de se faire une idée par soi-même.