Partenaires éducatifs mais également cousins, Lucas et Benoît Schildknecht se sont donné pour mission de s’assurer que tous les enfants retiennent leurs leçons. Les deux Alsaciens ont monté “Maître Lucas”, un projet de vidéos pédagogiques qui s’adressent aux élèves allant du CP au CM2 et qui constituent un grand soutien pour de nombreux professeurs, parents et enfants, qui font l’école à la maison.
À l’heure où l’enseignement à distance occupe une grande place dans le quotidien des enfants strasbourgeois, tous les moyens sont bons pour assimiler les notions abordées en cours, sans bouger de chez soi. Lucas et Benoît Schildknecht l’ont bien compris et se sont lancés dans la création de vidéos éducatives à destination des enfants de 5 à 11 ans. Depuis le début de la pandémie, la chaîne YouTube intitulée “Maître Lucas” des deux cousins alsaciens est en plein boom et près de 87 000 élèves et professeurs se sont appuyés sur leurs contenus au moment de la dernière fermeture des écoles au début du mois d’avril.
Deux acolytes, experts dans leurs domaines
L’instituteur de ce duo de choc, c’est Lucas. Professeur des écoles depuis des années, il a enseigné en école maternelle et élémentaire en Europe et même aux États-Unis. Passionné de pédagogie, il forme aujourd’hui d’autres professeurs. Son cousin Benoît, est lui expert en outils web, réseaux sociaux et référencement et a rejoint l’aventure en septembre dernier.
New-York, San Francisco, Palo Alto, Boston et maintenant Luxembourg, le maître d’école a la bougeotte et a découvert à travers ses déplacements professionnels de nombreuses pratiques innovantes. “On retrouve beaucoup d’innovation pédagogique en Amérique du Nord, donc il y avait beaucoup de pratiques que je ne connaissais pas.” reconnaît-il. C’est en 2017 que Lucas décide pour la première fois de se lancer dans la création de vidéos. À l’époque, il enseigne aux États-Unis : “Il y avait beaucoup ce qu’il appelle la flipped classroom, ou classe inversée, qui consiste à proposer des vidéos afin que les élèves puissent préparer la leçon en amont. Ça augmente la réactivité et l’engagement des élèves.” Le professeur se met donc à la recherche de contenus adéquats, mais rien ne le satisfait pleinement. Il décide alors de les concevoir lui-même et en fait profiter ses élèves pendant trois ans. Mais pendant le confinement, le succès de sa chaîne YouTube le conduit à s’investir davantage dans le projet.
Qu’est-ce qu’on apprend avec Maître Lucas ?
Avec trois ou quatre vidéos publiées par semaine, Lucas consacre tout son temps libre au projet et continue en parallèle de former d’autres enseignants au Luxembourg. Le projet “Maître Lucas”, ce sont des vidéos pédagogiques accessibles gratuitement, mais pas que. Le site dédié regroupe également près de 600 fiches d’exercices, des quiz et une centaine de cartes mentales. Les contenus sont regroupés par niveau, et correspondent aux programmes enseignés du CP au CM2.
Les cartes mentales, c’est l’un des petits plus de l’expert en pédagogie. Ces petits schémas occupent d’ailleurs une catégorie à part sur le site. “Je les utilisais déjà avant en classe, mais je n’avais pas mes propres cartes. Finalement, j’ai commencé à faire les miennes et je me suis rendu compte que les enseignants avaient besoin d’autres outils à utiliser en classe, en plus des vidéos que je postais sur la chaîne YouTube.” explique Lucas. Depuis, il tente d’associer une carte mentale à chaque vidéo. Mais quel avantage ces schémas simplifiés ont-ils ? Selon l’enseignant, ils permettent aux élèves de mieux mémoriser les leçons apprises : “Cette représentation en arborescence permet de revoir rapidement, d’un seul coup d’œil les notions et les termes à mémoriser.”
“Ça n’a pas vocation à remplacer l’enseignement classique”
Parmi les leçons de Maître Lucas, on trouve des Maths, des Sciences, du Français, et quelques contenus d’enseignement moral et civique, sur les émotions, les symboles de la République ou encore l’Alsace. S’il lui arrive de répondre à des demandes, le maître virtuel suit principalement le programme de l’Éducation nationale. Mais il rappelle cependant : “Ça n’a pas vocation à remplacer l’enseignement classique, ce qui ne serait d’ailleurs pas possible. C’est soit un complément en amont du travail en classe, soit en renforcement, si un élève a des besoins spécifiques, pour du renforcement. Pour certains élèves qui n’ont pas forcément compris la leçon d’une certaine manière, les parents ou les enseignants peuvent offrir une approche différente et complémentaire.”
Pour l’instituteur, pas de doute, l’école à distance ne facilite pas l’apprentissage des enfants : “Je pense que c’est plus compliqué pour tout le monde d’un point de vue technique pour que ça fonctionne tout le temps. Ça crée beaucoup d’obstacles et des inégalités par rapport à un enseignement en présentiel.” Mais il reconnaît néanmoins, que certains outils peuvent être de formidables compléments : “Ça permet de préparer une séance d’enseignement, on peut faire quelque chose qui change un peu, de plus dynamique et de manière ludique. Par exemple, j’ai choisi des personnages animés pour changer de ce qu’on trouve déjà sur YouTube avec un face-cam avec un tableau qui ressemble beaucoup à la situation classique qu’on retrouve en présentiel. Et j’essaie comme je peux de partir d’une situation, d’un problème pour que les élèves s’interrogent et soient acteurs de leurs questions.”
Des jeux vidéos et un espace blog à venir
À l’avenir, Lucas et Benoît comptent développer de nouveaux formats comme des petits jeux vidéo : “Je suis assez convaincu que la gamification [ndlr. l’utilisation des mécanismes du jeu à des fins éducatives.] peut permettre d’engager davantage les élèves. Donc le but, ce serait de faire des petits jeux pour réutiliser les notions abordées dans les leçons et pour les renforcer. Ce serait des petits jeux assez engageants, mais sans prétention, on n’est pas Playstation.”
Mais l’enseignant n’oublie pas non plus de satisfaire les professionnels et les parents et travaille également sur un espace blog qui sera disponible sur le site et qui lui permettra de faire intervenir des spécialistes sur différentes questions comme les besoins spécifiques de certains élèves, la dyslexie, ou encore le harcèlement scolaire.