Depuis le début de la crise sanitaire, les gens qui respectent les gestes barrière sont divisés en deux équipes. Ceux qui y voient clair, et les autres. Question bête mais pratique : comment garder son masque sur le nez quand on finit, au bout de 5 minutes avec des lunettes toutes embuées ? Un opticien nous répond.
Ceux qui n’ont pas la chance d’avoir 10/10 à chaque œil le savent bien : rentrer chez soi après une folle chevauchée à vélo ou faire les boutiques l’hiver, c’est à coup à revenir chez soi la tête dans les nuages. Au sens propre. Le changement de température embue les verres de lunettes en quelques seconde, rendant le monde cotonneux. Et depuis que le port du masque est fortement recommandé, voire même obligatoire dans la rue, c’est encore pire.
Opticien à la Lunetterie du coin, rue du Faubourg de Pierre, Romain-Guy Corato voit quotidiennement entrer dans sa boutique des clients en quête d’une solution pour se protéger des miasmes tout en gardant leur acuité visuelle. « Ils demandent si on n’a pas des nettoyants qui empêchent la buée de se former, détaille-t-il. Il y a une marque qui en a commercialisé un, mais c’était tellement chimique que ça attaquait le traitement anti-reflet des verres. Et puis des émanations de produits comme ça à un centimètre de l’œil, ce n’est pas bon pour la cornée. »
Un peu d’origami contre les lunettes toute de buée obscurcies
D’autres viennent après avoir tenté des solutions « trouvées sur internet ». Du type : mettre de la mousse à raser, ou laisser un film de savon sur le verre. Pas une bonne idée : « Ça laisse un film gras, explique l’opticien. On a tous envie d’y voir clair, or là, c’est comme si vous regardiez derrière une vitre sale. »
Pour ces clients, Romain-Guy préconise une solution « bio » et toute simple : prendre un mouchoir en papier et le plier dans le sens de la longueur pour en faire un boudin. Ensuite, il faut le placer à l’intérieur du masque, sous la tige métallique qui permet de le bien l’ajuster sur le nez. Enfin, placer ses lunettes par-dessus le masque, en faisant en sorte que le bas des verres repose bien sur le haut du tissu. « Et là on peut souffler, il n’y a plus de buée, glisse l’opticien avec malice. L’air chaud s’échappe par les cotés et non plus par le haut du masque ».
L’autre solution ? C’est tout simplement « d’attendre que la monture des lunettes soit de la même température que celle du corps. Ce sont les gens qui enlèvent remettent leurs lunettes tout au long de la journée qui sont les plus concernés par ce problème de buée, car il y a une différence de température plus importante entre la monture et la peau quand ils les mettent. » Moralité, quand on s’est vu prescrire des lunettes, mieux les porter souvent plutôt que pas assez, pour éviter de ne voir que des décors ouatés.
V.P