Pendant le confinement, au sein du groupe Tousse Ensemble, s’est déployée une véritable créativité, parce qu’on avait simplement envie de partager ce qui nous faisait vibrer, pour mieux vivre ensemble une situation inédite. Quelques musiciens locaux se sont découverts à nos oreilles et, maintenant que la vie reprend peu à peu, mais toujours dans le respect des gestes barrières, on est allé à leur rencontre, pour qu’ils ne soient plus seulement un visage, un piano, une guitare ou une voix derrière un écran, mais pour que vous connaissiez un peu mieux celles et ceux qui pourraient faire la scène locale strasbourgeoise de demain. Deuxième à l’appel : Bary, un chanteur et guitariste strasbourgeois très discret qui ne demande qu’à s’affirmer !
Pour relire le premier portrait sur Léa, c’est ici que ça se passe.
Un apprentissage de la musique classique, en famille
Pour parler musique, rien ne vaut un dimanche pluvieux strasbourgeois. Dans l’appartement de Bary, tout est doux, calme et épuré. Un peu comme sa musique finalement. On se pose sur le canapé et c’est parti. La musique pour Bary, c’est d’abord une histoire de famille. « J’ai commencé la musique à l’âge de six ans, c’est quelque chose qu’on faisait dans la famille. Mon père avait commencé avec la guitare et quand on était petits mes deux frères ont fait du piano et de la batterie, et moi j’ai choisi la guitare. »
Comme beaucoup de monde à son âge, Bary commence par apprendre les bases, à travers la musique classique. « J’ai fait de la musique classique, jusqu’à mes 15 ans, avec de la guitare classique.” Petit à petit cependant, il se sent un peu à l’étroit dans le carcan classique : « Quand je faisais de la musique classique avec un prof, j’étais limité à ce qu’on voulait que je fasse. » À tel point qu’il a failli laisser tomber la musique quand il avait 15 ans. Heureusement, sa maman l’a remis dans le droit chemin, et c’était le début d’une nouvelle phase : « C’est vraiment à 15 ans que j’ai commencé à chanter et à reprendre la musique des autres. Je me suis orienté vers ce qui me plaisait ; ça s’est tourné vers la pop, le rock, le folk, toutes les musiques qui m’inspiraient en fait. »
Une vraie envie de partager
Dès lors, la machine était en route. Et après cet apprentissage classique, Bary n’avait qu’une seule envie : être libre de partager avec les autres ce qu’il aimait faire. « À partir du moment où j’ai arrêté la musique classique, j’ai eu la liberté de faire ce que je voulais. Pour moi la musique, les concerts, c’est vraiment un moment de partage. Je l’ai vu dans les festivals que j’ai pu faire : on aime tous la musique, on a envie de partager ça avec les autres. J’ai jamais vraiment fait un concert où j’étais le seul à l’affiche. Et ça me plaisait en fait : de découvrir d’autres artistes et que les gens me découvrent aussi. »
Néanmoins, il lui faut un peu de temps avant de sauter le pas des concerts. Logique pour un garçon encore très réservé et timide. « Mon premier concert, c’était à 18 ans. On m’a proposé de chanter une chanson sur scène, j’ai accepté et ça a bien marché. Ça m’a un peu décoincé (sourire coincé) et de fil en aiguille on a commencé à me proposer d’autres événements. Et le fait de pouvoir interpréter ce que je veux, et que les gens acceptent et viennent voir ça, c’est vraiment cool. C’est comme ça que je suis un peu sorti de ma coquille. »
Une musique d’inspiration pop et folk
Il faut dire que la musique de Bary plaît tout de suite. Au niveau de ses inspirations, à la base, la famille n’est jamais très loin. « C’est surtout mon père l’inspiration. Je n’aurais pas commencé la guitare s’il n’en faisait pas et je n’aurais pas commencé à chanter s’il ne chantait pas depuis que je suis petit. Quand j’étais gamin, plusieurs artistes m’inspiraient : mon père et ce qu’il écoutait. Puis, petit à petit, je me suis créé mon petit univers à moi. »
Et son univers justement, parlons-en. Bary réalise des covers, c’est-à-dire qu’il reprend la musique d’autres personnes. Niveau artistes, après son père sont venus les Kooks, Jason Mraz et John Mayer, sa plus grande inspiration. Mais attention, pas question de simplement reprendre des morceaux tels quels. Il leur donne toujours sa touche personnelle, comme un petit quelque chose en plus : « Vu que je reprends des musiques, ce serait dommage de simplement les reprendre sans les faire à ma sauce et sans originalité. Du coup, mon style c’est surtout des versions acoustiques, basées sur la pop, le rock et le folk, avec en plus ma façon de jouer de la guitare, le finger-picking, et c’est un peu comme si je donnais un aspect country à la chanson. C’est mon monde. »
Dès lors, c’est tout un monde de reprise qui s’offre à lui : « Au niveau des morceaux, y en a un, c’est mon pêché mignon, alors que je suis conscient que les gens ça ne leur parle pas trop : c’est « New Light” de John Mayer. J’aurais toujours envie de la reprendre. Stevie Wonder avec « Isn’t she lovely ? » aussi, c’est d’ailleurs la première que j’avais reprise sur le groupe Tousse Ensemble. Et après j’ai aussi mon petit medley à moi sur du Rihanna et du Drake, et enfin « Stand by me » de Ben E. King. Ça doit faire sept ans que je la fais cette chanson. » Pas mal de musiques pour un répertoire complet.
Un habitué de la scène strasbourgeoise
Avec toutes ces chansons connues et son style bien à lui, ce n’est donc pas une surprise que Bary soit un petit habitué des scènes strasbourgeoises. « J’ai beaucoup joué en première partie d’artistes locaux : John Efka, William Matter, Alan Ross… J’ai fait ça au Local, à la PopArtiserie aussi. Je suis d’ailleurs passé à RBS, dans l’émission Cité Cultures, justement pour faire la promo de la première partie d’un concert de William Matter. C’était particulier, parce que je préfère chanter et là c’était parler pendant trois quarts d’heure. L’enfer (rires). Et plus récemment j’ai joué à l’hôtel Boma, un peu grâce au confinement d’ailleurs, et aux Fines Gueules. »
Justement, cette période particulière que l’on a tous vécue, parfois seuls et parfois ensembles aussi, a été le début de plein de belles choses pour Bary : « Le confinement ça m’a ouvert beaucoup de portes, beaucoup plus que ce que je pouvais imaginer en fait. C’est grâce à Tousse Ensemble qu’elles se sont ouvertes mais j’ai été surpris de voir à quel point ma musique avait pu toucher des gens. J’ai toujours été le petit artiste de l’ombre qui faisait une petite apparition par an par ci par là et là grâce au confinement j’ai eu plein de monde qui voulait que je joue chez eux. C’est assez ouf. »
Un homme (très) discret
Pourtant, malgré ces récentes performances et son vécu depuis un peu moins de dix ans sur la scène strasbourgeoise, pour que Bary parle de lui-même, il faudrait presque le torturer. Très discret et pudique, sur son art comme sur lui-même, c’est difficile pour lui de parler de qui il est et de ce qu’il fait. Une réalité qui lui fait dire qu’il n’est pas encore prêt pour écrire ses propres compositions. « Je me vois mal écrire juste pour écrire. Si je réinterprète les chansons des autres c’est pour mon plaisir, alors qu’écrire je vois ça comme une façon de m’exprimer et de partager une expérience que je vis moi-même, que ce soit en public ou en privé. Je suis quelqu’un de discret, qui ne parle pas énormément de lui-même. Je sentirai le besoin d’écrire quand j’aurais envie de partager quelque chose. Pour l’instant ça me ressemble pas, mais je sais que ça viendra. »
Cette nervosité se ressent également dans sa voix. Pourtant, même s’il avoue être extrêmement tendu avant de monter sur scène, il arrive à bien gérer toute cette pression : « T’es conscient avant de monter sur scène que les gens se déplacent pour toi, tu as pas envie de décevoir ça te met un peu la pression. Le fait que je sois discret joue beaucoup aussi forcément, et je travaille dessus. Après, au fur et à mesure que le concert passe, si je ressens l’engouement des gens je commence à me détendre. » Une chose est sûre, il est beaucoup plus détendu derrière un micro pour chanter que derrière un micro pour se faire interviewer : « Je suis beaucoup plus détendu quand je chante que que quand je parle en tout cas, ça c’est sûr (rires). Ça me permet de m’évader pendant un moment de cette personne qui fait profil bas la majeure partie du temps. C’est un peu un échappatoire. »
Et pourtant, en concert, parfois, il faut bien meubler entre deux chansons. Une partie des concerts moins anodine qu’elle en a l’air, surtout pour Bary : « Quand je suis dans un concert c’est toujours un peu la même chose : je chante, je me sens super bien mais à un moment, va bien falloir que je me mette à parler. Et là c’est chaud… tu vois j’en perds presque les mots maintenant (rires). J’ai pas de texte préécrit contrairement aux paroles que tu retiens par coeur, c’est juste de l’impro et tu sais pas trop quoi dire d’autre, à part « merci ». Mais bon, ça tu peux pas le dire entre chaque chanson non plus ! Mais en tous les cas je suis surtout impatient de chanter le prochain morceau. »
La musique et le tennis : les deux amours de sa vie
Malgré sa discrétion et sa timidité, Bary aime profondément la musique, qui prend une énorme place dans sa vie. « Ça fait partie de mon quotidien. Ma journée se finit et la première chose que je fais c’est que je prends ma guitare. Je vais gratter 15/20 minutes minimum et si je suis inspiré ça peut durer plus longtemps. La musique elle est partout : tu es dans ta voiture tu écoutes de la musique, ta pause déjeuner tu écoutes de la musique, tu es en train de manger tu écoutes de la musique… à chaque fois tu en entendras et donc tu en découvriras à chaque fois. » Un cercle vertueux de l’inspiration : « T’as de moments où tu entends une musique et tu te dis « ah celle-là je la réinterprèterai bien, et si je la fais, je la ferai comme ça ». Donc je m’imagine déjà, je rentre à la maison et je commence à bosser dessus. En plus je cherche tout le temps à être plus créatif, à trouver de nouvelles façons de réinterpréter… »
Même si la musique est sa grande passion, Bary en a une deuxième : le tennis. Une passion pas si éloignée de la guitare, quand on y regarde bien. « C’est marrant d’avoir la guitare, parce que quand on était gamins on a tous au moins fait une fois genre notre raquette c’était une guitare. Je te cache pas que je le fais encore d’ailleurs. » Plus que ça, les deux pratiques se ressemblent beaucoup pour ce qu’elles apportent à Bary : « J’aime beaucoup l’aspect sport individuel, on ne dépend de personne sauf de soi-même. Mentalement ça permet de travailler sur sa propre personne et physiquement c’est super parce qu’on ne sait jamais combien de temps ça peut durer. Comme dans la musique, j’ai toujours peur de dépendre de quelqu’un et là, dans le tennis, ce n’est pas un problème. Tu te débrouilles tout seul pour être prêt à jouer. »
Continuer de partager sa passion, de plein de manières différentes
Dans cette année 2020 décidément particulière, Bary n’a qu’une envie : continuer de se produire sur scène. « J’aimerais apparaître plus souvent sur scène. Je n’ai plus envie de faire un concert puis de disparaître des radars pendant un an. Là c’est cool, j’ai jamais autant enchaîné : que ce soit des lives Facebook et des chansons sur Tousse Ensemble pendant le confinement ou quelques concerts depuis le déconfinement. J’ai juste envie de partager ma musique. »
Et pourquoi pas tester de nouvelles choses en même temps : « Y a quelque chose que je n’ai jamais fait et que j’ai toujours voulu faire, c’est la Fête de la musique. Pour être sur une grande scène ça demande un peu plus de notoriété que celle que j’ai en ce moment, et ça me ressemble pas trop, mais si j’ai la chance de le faire, je la saisirai. En fait, j’espère juste pouvoir jouer plus et surtout, j’espère avoir cette envie de trouver l’inspiration pour écrire ma première chanson. Ça serait vraiment super à partager sur scène après. Donc j’espère. » Maintenant, y a plus qu’à comme on dit.
Pour suivre Bary, vous pouvez aller sur son compte Instagram, sa page Facebook et sa chaîne YouTube.