Vous le savez depuis désormais un bon moment : la ville de Strasbourg multiplie les initiatives pour remettre l’eau au centre des préoccupations des Strasbourgeois. Toujours dans cette même logique – qui relève aussi d’une com’ assumée – la ville songe à ouvrir à la concurrence les eaux de Strasbourg, pour « rendre l’eau aux Strasbourgeois », selon les dires de Paul Meyer, adjoint au maire chargé du commerce et du tourisme. Tout un programme.
Moins de business, plus de tourisme local
Comme c’est le cas pour le rail de la région Grand Est, le mécanisme d’ouvrir des domaines – autrefois gérés en quasi-monopole – se fait de plus en plus. l’ouverture à la concurrence des TER dans notre région inquiète, et est une vaste fumisterie à mon sens, mais ce n’est pas le sujet. Là, on ne parle pas de rails, mais bel et bien des eaux de notre belle ville.
Gérées, au niveau du tourisme fluvial payant, par Batorama, entreprise riche d’une histoire qui remonte à 1937, ces eaux verraient peut-être ainsi de nouvelles entreprises proposer leurs initiatives pour les balades touristiques. On pense par exemple aux bateaux électriques qui ont débarqués en juillet dernier. A travers cette volonté de développer un tourisme moins business, la volonté de la ville est de « rendre l’eau aux Strasbourgeois », ce qui veut un peu tout et rien dire, on ne va pas se le cacher.
La fin du monopole de Batorama, une entreprise locale ?
La phrase de Paul Meyer sonne en effet un peu creux : il semble bon de rappeler que l’entreprise est une filiale du Port autonome de Strasbourg, et ce depuis 2016. Batorama c’est : 800 000 passagers/an venus du monde entier, dix bateaux-promenades et la 1ère activité touristique payante du territoire. C’est un acteur majeur du tourisme strasbourgeois… et c’est un acteur profondément ancré localement.
En effet, pour la petite histoire, depuis 1937 et l’acquisition du bateau le Paris, la direction du transport passagers du PAS entreprend de faire découvrir les nouvelles installations portuaires aux partenaires et industriels. Il acquiert en 1953 le Strasbourg puis un autre bateau en 1957 capable de passer sous les ponts de la ville. La navigation urbaine sur l’Ill devient alors possible. Le PAS agrandit sa flotte et développe son offre de visite touristique en centre-ville pour faire de Batorama la plus grande activité touristique payante du Grand Est, ce depuis 2016.
L’annonce de cette fin de monopole promet une possible ouverture de la concurrence sur nos belles eaux strasbourgeoises. L’idée défendue par la ville est de rendre l’eau aux Strasbourgeois, une punchline qui cache derrière elle une manière d’individualiser la pratique du tourisme fluvial. Difficile encore à dire quelles seront les répercussions d’une telle annonce. Ce qui est sûr, c’est que le sujet de l’eau n’a pas fini de revenir sur le tapis à Strasbourg et qu’il faudra suivre avec grande attention la suite des événements.
Pourquoi ne pas mentionner la société Bateaux de l’Ill, qui se bat depuis plusieurs années pour son droit de naviguer ?
Bonjour M. Meyer,
J’écris ce poste en réaction à vos propos sortis mardi dans Pokaa. Dans celui-ci vous annoncez que vous allez ouvrir la voie d’eau à la concurrence et que Batorama ne sera plus le seul opérateur au centre-ville de Strasbourg. Je me réjouis de ces propos.
Je représente la société Bateaux de l’Ill. Nous exploitons depuis 8 ans le Charles Frey et proposons des croisières restaurant et événementielle au centre-ville de Strasbourg. Cela fait également 8 que nous nous battons pour avoir les mêmes accès aux infrastructures publiques du centre-ville de Strasbourg que Batorama.
Nous vous avons écrit à plusieurs reprises en tant qu’adjoint au Maire délégué au tourisme (et nous sommes assurés auprès de votre secrétaire que vous aviez bien reçu nos écrits) ainsi qu’à Mme Trautmann (Présidente du Conseil d’Administration du PAS et Vice-présidente de la CUS au développement économique) et au Maire. Nous n’avons reçu aucune réponse. La Mairie est l’organe de tutelle du Port Autonome de Strasbourg qui possède Batorama. Si aujourd’hui Strasbourg est la seule ville de France qui n’a pas de bateau restaurant et un seul opérateur de bateau mouche c’est que les instances de tutelles n’ont pas laissé la possibilité à d’autres entreprises comme la mienne de s’installer et utiliser la voie d’eau.
Aujourd’hui, une enquête de la DIRECCTE (Direction Régionales de Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi) pour présomption de pratiques anticoncurrentielles est en cours. Le fait que Batorama soit en situation de monopole sur le transport individuel de passagers est totalement illégal. La convention d’occupation du domaine publique de Batorama aux pontons des Rohans va bientôt arriver à échéance. La loi oblige désormais l’état à faire des appels à projet pour l’attribution des accès au domaine public.
Après avoir mis plusieurs années et avoir eu besoin de la DIRECCTE pour accéder à l’écluse dans des conditions normales, cela fait plus de 6 ans que nous demandons à accéder au ponton A des Rohan qui est un ponton public. Est-ce que je peux désormais accéder à ce ponton et proposer aux strasbourgeois une offre alternative à ce que propose Batorama ?
Quentin pour la société Bateaux de l’Ill
Bonjour
J’ai organisé le baptême de ma fille sur le bateau événementiel bateaux de l’ill. Cette société de tourisme fluvial a Strasbourg n’est pas mentionnée dans votre article. Pourtant, cette équipe se bat pour pouvoir naviguer à Strasbourg et avoir accès aux infrastructures publiques. C’est David contre Goliath. J’espère que maintenant ils pourront avait gain de cause et que la ville va soutenir les entrepreneurs strasbourgeois à se développer et ne pas laisser uniquement la voie d’eau a d’autres grosses entreprises….
Je suis de tout cœur pour que le combat de bateaux de L’ill qui dure depuis tant d’années aboutisse !