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Le Silence qui cache la forêt : un roman sensible, chargé d’Histoire alsacienne

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Écrivaine et performeuse strasbourgeoise, Marie Sélène a publié en novembre dernier son premier roman aux éditions Gorge Bleue. Un récit à la plume sensible, chargé d’Histoire alsacienne.


Le ciel du Grand Est a viré au gris pour ne plus changer de couleur. Depuis de longs mois, une tempête tourne au dessus de la région sans relâche, fracassant les vitrines des magasins, balayant les rues, perturbant Hommes et animaux. Ceux qui sont restés sortent ployés vers l’avant pour affronter les bourrasques tandis que le reste du pays s’assèche sous un ciel bleu privé de vent. Scientifique attachée à sa base météorologique, au large des côtes bretonnes, Anna est sommée de partir dans l’Est étudier ce mystère. La voilà de retour sur les lieux de son enfance. Confrontée à une histoire familiale et personnelle qu’elle a toujours cherché à fuir.

La Silence qui cache la forêt est le premier roman de Marie Sélène à être publié. Cette Strasbourgeoise de 35 ans est écrivaine et autrice de contenus dans le domaine du développement personnel. À la question de savoir depuis combien de temps elle écrit, Marie Sélène hausse les épaules : “les histoires ont toujours fait partie de ma vie”, sourit cette fan de littérature québécoise et de poésie, citant volontiers Laurine Roux, Paul Eluard ou encore Audrée Wilhelmy dans ses influences. L’autrice a écrit deux romans non publiés avant Le Silence qui cache la forêt.

Ce nouveau récit a pris racine dans son esprit après les attentats de Paris, en novembre 2015. Marie Sélène tient alors un cabinet de kinésiologie – pratique thérapeutique basée sur l’étude du tonus musculaire comme révélateur de stress et émotions négatives. “La violence de ces événements a eu un impact sur mes patients, se souvient-elle. J’en ai vu plein arriver avec des mémoires traumatiques qui ressurgissaient. Certaines, en lien avec les histoires familiales. Ici, en Alsace, ces histoires s’entremêlent parfois avec l’Histoire tout court. Ça m’a interrogée, j’ai voulu composer une histoire avec tout ça.”

Marie Sélène, avec son premier roman publié.
© A.Me / Pokaa


“Écrire en profondeur”

Si l’autrice tient déjà là les thèmes de son récit, c’est un autre événement qui lui offre sa méthode d’écriture, à la même période. Passionnée de théâtre, Marie Sélène assiste à une rencontre entre le directeur du TNS Stanislas Nordey et le comédien, metteur en scène, dramaturge et directeur du Théâtre national de la Colline à Paris : Wajdi Mouawad. Invité à Strasbourg, ce dernier propose de renverser l’exercice de l’entretien et demande à son hôte: “Quand tu te lèves le matin, qu’est ce qui te dérange?” “Je crois que c’était la première question de la rencontre, se remémore l’autrice. Elle m’a profondément marquée. Chaque fois que je me suis mise à l’écriture de roman, je me suis demandé, moi aussi, qu’est-ce qui me dérange. C’est le genre de question qui permet d’écrire en profondeur.”

Dans les mois qui suivent, Marie Sélène ne s’oblige à rien, mais “essaie de laisser aller le processus” de création, de “faire confiance à ce qui [lui] vient“, sans suivre de trame particulière. L’idée d’une tempête à mettre au centre de son récit la réveille en pleine nuit. “C’était tout ce qui manquait à mon roman”, sourit-elle.

Ce dernier aurait toutefois pu ne pas voir le jour sans une rencontre avec Pierre Cendors. À la lecture d’un de ses ouvrages, Marie Sélène décide de lui écrire. Débute alors une correspondance entre deux personnes “de la même famille d’auteurs“. “Nous sommes devenus très amis, détaille l’autrice. Il est en quelque sorte un parrain d’écriture.” Et celui qui l’a aidée à sortir de l’ornière lorsqu’elle a failli tout laisser tomber en 2017. “Quand ça fait dix ans que tu essaies d’être éditée, que tu continues d’écrire parce que tu ne peux pas t’en empêcher, tu te dis quand même parfois : à quoi bon ? Pour ce roman, il y a eu un moment où je me suis dit : mais pourquoi je m’emmerde à aborder des thématiques aussi difficiles, à aller chercher tout ça pour écrire ? Quand j’en ai fait part à Pierre, il m’a dit que je touchais au but, que j’avais atteint un moment très important et qu’il fallait que je continue. Il avait raison. Je crois que je l’ai terminé le lendemain.”


“Libérer la voix des femmes”

Marie Sélène envoie ensuite son manuscrit à plusieurs petites maisons d’édition qu’elle avait repérées. Mais c’est une connexion à Instagram qui lui permet finalement d’être publiée. “Quelqu’un avait posté quelque chose au sujet de la soirée de lancement des éditions Gorge Bleue. J’ai regardé ce dont il s’agissait. Deux heures plus tard, j’envoyais mon manuscrit à Marie Marchal – [ fondatrice de Gorge Bleue, N.D.L.R].” Cette dernière accepte de le publier, à condition de le réécrire pour passer d’un récit à la première personne à une narration omnisciente.

Le Silence qui cache la forêt est finalement publié le 2 novembre 2020, en plein milieu du second confinement. Il est question d’une tempête qui tourmente le Grand Est donc, et d’une femme confrontée à la fois à ses choix de vie et à son passé familial, lié à l’histoire de l’Alsace. “En matière d’Histoire, on retient souvent la voix des hommes qui se sont battus. Pas forcément celle des femmes. Avec ce récit je voulais aussi libérer leur voix, parler de ce qu’elles ont vécu pendant la guerre.” Une volonté mis en valeur par la narration, et par la place d’Anna au centre du récit.

Ce troisième roman terminé, Marie Sélène travaille déjà sur le prochain. Une histoire qui abordera le sujet des maladies invisibles et les dérives sectaires dans le milieu du développement personnel. Le Silence qui cache la forêt poursuit quant à lui sa route entre les mains des lecteurs, et sera bientôt adapté en livre audio.

© A.Me / Pokaa

Note de l’autrice : Le Silence qui cache la forêt est un roman comme on en lit rarement. Pour l’apprécier, il faut d’abord accepter de s’y perdre. Ne pas se laisser décourager par sa rythmique particulière, ni par cette histoire en quelque sorte chapitrée en tranches de vies et en instants joliment décrits. Suivre Anna demande de zigzaguer entre les pages. De se laisser porter par une sorte de roulis déroutant. Le voyage est poétique, et emmène dans une réalité tourmentée par le vent, la pluie, et les secrets de famille. Ce qui en ressort, pourtant, est incroyablement vivant. Car au milieu du chaos, cette histoire est surtout celle d’une femme qui se cherche et se construit. Une femme qui se relève lentement, jusqu’à se tenir debout dans la tempête. Jusqu’à la vaincre.

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