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La vie des bêtes : à la découverte du grand hamster d’Alsace, en voie d’extinction

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L’été dernier, la rédaction est partie à la rencontre des petites bêtes avec lesquelles nous cohabitons sur le vaste territoire alsacien. Parce que pour préserver la faune alsacienne, il faut d’abord la connaître, on s’est intéressé aux habitudes et aux conditions de vie de plusieurs animaux. Qu’il s’agisse d’espèces menacées ou parfois considérées comme nuisibles, elles partagent toutes ce même lopin de terre et méritent à ce titre une attention toute particulière. Première rencontre : le grand hamster d’Alsace.


Sur l’ensemble du territoire français, on ne trouve plus que le grand hamster en Alsace. Les tout premiers comptages ont été réalisés en 1979, et c’est à ce moment-là, que Jean-Paul Burget, président de l’association Sauvegarde Faune Sauvage à l’origine de l’élevage du grand hamster, décide de s’engager pour la sauvegarde de cette espèce. À l’époque, près de 4 000 hamsters sont présents dans le Haut-Rhin et des milliers dans le Bas-Rhin. Depuis, le nombre d’individus s’est effondré, et la population frôle l’extinction.

© Pixabay / SgH


La monoculture de maïs, le plus grand prédateur du hamster

Dès les années 80’, la monoculture de maïs commence à se mettre en place en Alsace. Les champs de blé, d’orge de luzerne disparaissent alors petit à petit, perturbant ainsi le grand hamster, dépossédé de son habitat naturel. Le rongeur se nourrit essentiellement de céréales, de blé, d’orge, mais aussi d’un peu d’insectes et d’invertébrés. Mais la culture de maïs appauvrit la terre et rares sont les insectes qui y survivent. Cette dernière a aussi pour effet de rendre le hamster stérile, ce qui limite sa reproduction. En hibernation à partir du mois d’octobre et jusqu’au mois de mars, il se réveille peu de temps avant que toute la récolte soit coupée au mois de mai, laissant alors le champ libre à tous ses prédateurs comme le renard et la buse.

Aujourd’hui, il ne reste plus qu’entre 700 et 800 hamsters, et on les trouve uniquement dans les champs de blés et de luzerne. Et pour Jean-Paul Burget, si la monoculture fait des dégâts considérables, elle n’est pas la seule responsable : “Les champs de blé, d’orge et de luzerne qui sont en plaine ont été remplacés par la monoculture de maïs et c’est ce qui l’a fait disparaître, mais aussi les routes, l’urbanisation. Au fur et à mesure que les champs de blé ont été enlevés, ça a complètement perturbé le hamster. Alors qu’auparavant il était présent depuis Haguenau, jusqu’à Ensisheim et dans le Haut-Rhin : “Là où il y avait du loess, en plaine, il y en avait partout”, on n’en trouve actuellement qu’autour de Strasbourg et il s’agit là principalement des individus issus du renforcement de population. Selon le président de l’association, la seule population viable qui persiste encore se trouve à Geispolsheim et dans une moindre mesure, à Obernai : “Tout le reste, c’est du renforcement de population car il a presque complètement disparu.

© Pixabay / SgH


Une réintroduction difficile à mener

Le grand hamster est considéré comme une espèce protégée depuis 1993. C’est Jean-Paul Burget lui-même qui en a fait la demande auprès de Michel Barnier, le ministre de l’environnement de l’époque. Le président de l’association l’assureHistoriquement, tout le monde était contre le renforcement de population.alors il n’a pas hésité à s’adresser directement au président de la République Jacques Chirac et a finalement obtenu l’autorisation de relâcher les hamsters en milieu naturel.

Après des années consacrées à la sauvegarde du grand hamster, le célèbre défenseur de la faune sauvage a du mal à entrevoir une issue favorable pour l’espèce, à moins d’amorcer un virage total en terme de politique agricole. Sa population a tellement diminué, qu’elle est difficile à remonter parce qu’il faut pas mal de biotopes ; des champs de blé, d’orge et de luzerne. Dans le Bas-Rhin, ils ont fait un effort, mais dans le Haut-Rhin, pratiquement rien n’a été fait et on a laissé crever le hamster.” Il faudrait donc que le monde agricole accepte de changer ses pratiques et de se détourner de la monoculture de maïs, pour offrir davantage de diversité aux espèces présentes dans notre région.

De plus, lorsqu’il s’agit de sauver une espèce de l’extinction, c’est tout un système qu’il faut prendre en compte. Pour le grand hamster par exemple, une espèce de scarabée qui vivait à ses côtés n’existe pratiquement plus et est en voie d’extinction tout comme lui. Et si ce type de scarabée n’est pas présent, le hamster risque de contracter des maladies. À une autre échelle, c’est toute la chaîne de prédation qui s’en trouve bouleversée. Si le hamster disparaît, ce sont la caille, la perdrix, le lièvre ou encore l’alouette qui sont voués à disparaître. En matière de biodiversité, c’est simple, tout est lié comme le confirme Jean-Paul Burget : “Tout s’effondre en un clin d’œil. Et si vous sauvez le grand hamster, vous sauvez toute la petite faune des champs.

© Pixabay / SgH


Trois élevages en Alsace et une reproduction encadrée

Le tout premier élevage voit le jour officieusement en 1979, au domicile du président de l’association Sauvegarde Faune Sauvage, Jean-Paul Burget. Il faudra attendre 1998 pour qu’un élevage officiel soit mis en place au zoo de Mulhouse. Aujourd’hui, l’élevage du grand hamster se trouve à Jungholtz, dans le Haut-Rhin et regroupe le plus grand nombre d’individu, mais il travaille en coopération avec le CNRS de Strasbourg ainsi que le NaturOparc à Hunawihr, qui élèvent chacun une petite population. 

À Jungholtz, près de 650 individus sont répartis sur deux salles. 450 individus peuplent la salle d’élevage et 200 autres occupent la salle de reproduction. C’est dans cette dernière qu’il faut que la magie opère. Après avoir hiberné d’octobre à mars, les hamsters vont se réveiller et il sera temps de les faire se reproduire. Et pour que le processus suive le plus naturellement possible sont court, rien n’est laissé au hasard : La femelle est très difficile, c’est elle qui choisit son mâle. Alors on le place d’abord dans la cage au-dessus de la sienne pendant une semaine, pour l’habituer à son odeur et que la femelle l’accepte plus facilement et qu’ils ne s’attaquent pas. Ensuite, on met les couples ensemble pendant une semaine et les femelles vont faire cinq à six petits par portée en moyenne.” explique Célia Schappler, la responsable de l’élevage du grand hamster. Et pour être sûre de former les meilleurs couples, elle s’appuie aussi sur un logiciel qui permet de calculer la consanguinité entre les individus afin d’éviter la reproduction entre frère et sœur.

Les hamsters étant destinés à retourner en milieu naturel, l’équipe de l’élevage du grand hamster veille à ne pas les imprégner : Le but, c’est qu’ils nous voient le moins possible afin qu’ils gardent un comportement sauvage. C’est pour ça qu’on a mis des briques dans leurs cages, qui leur servent de terrier. Pour qu’ils restent cachés et qu’ils ne nous voient pas quand on passe pour les nourrir.


L’organisation des lâchées

Tout le processus n’a qu’un but : la réintroduction en milieu naturel. Les individus âgés d’un an sont donc relâchés afin de renforcer les populations sauvages. Chaque année, les premières lâchées ont lieu au mois de mai et jusqu’au début du mois de juillet. L’élevage du grand hamster relâche alors entre 400 et 500 individus.

Si le NaturOparc de Hunawihr dispose également d’un petit d’élevage composé d’une quarantaine d’adultes, il veille surtout à sensibiliser le public vis-à-vis de l’espèce et à l’organisation des lâchées. Et après tant de travail et d’investissement, pas question de relâcher les individus n’importe comment. Première étape : trouver le terrain idéal. Gladys Le Velly, soigneuse au NaturOparc explique qu’elle et ses collègues travaillent en collaboration avec les agriculteurs de la région afin de réaliser des lâchées sur certaines de leurs parcelles. Et une fois le terrain adéquat trouvé, il s’agit de protéger au mieux les hamsters : On va d’abord clôturer la parcelle pour protéger le grand hamster et éviter qu’il y ait trop de prédateurs qui entrent et lui laisser un peu un temps d’adaptation. Et on va aussi faire des pré-trous, des pré-terriers comme ça quand on le relâche on le met directement dans ce terrier. Pareil le temps que nous on fasse toute cette mise en place ça évite qu’ils sortent trop vite et qu’il y ait un accident. ” 

Les équipes déterminent également quel individu va pouvoir être relâché et visent un nombre égale de mâles et de femelles présents sur la même parcelle. Le but, c’est évidemment que ces adultes relâchés se reproduisent assez rapidement pour que les petits naissent sauvages et renforcent eux même la population. La majeure partie des lâchées se fait dans le Bas-Rhin, autour de Geispolsheim.

© Pixabay / SgH


Participer à la sauvegarde du grand hamster

À l’élevage du grand hamster de Jungholtz, tous les jeunes de l’année peuvent être parrainés : “On met la photo des jeunes sur Facebook et les gens peuvent choisir s’ils veulent parrainer un ou plusieurs hamsters. Une fois qu’ils ont choisi, on leur envoie des objets à l’effigie du grand hamster et ils reçoivent des nouvelles jusqu’à ce qu’il soit relâché. Pour avoir plus d’information sur le parrainages c’est par là et pour découvrir les petites bouilles à parrainer, c’est par ici !

Il est également possible de faire un don directement à l’élevage. Jean-Paul Burget a récemment lancé une cagnotte en ligne. En effet l’association a plus que jamais besoin de soutien. Le propriétaire du local qui accueille les hamsters a décidé de vendre. Pour continuer à occuper le local il n’y a donc qu’une solution : l’acheter. L’association doit réunir près de 100 000 euros afin de pouvoir maintenir tous ces petits locataires au chaud et perpétuer ses actions en faveur du grand hamster d’Alsace. Pour participer à la cagnotte,c’est par là !

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