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Carnets de Vies : les photos intimistes de Paul, photographe strasbourgeois

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« Puisqu’il n’arrivait pas à lui dire avec des mots, il allait lui montrer ce que son œil voyait »

Parce que parfois on a envie de rester à l’intérieur, parce qu’on a tous besoin de se retrouver un peu nous-mêmes, besoin de cocooning et d’être rassurés, j’ai envie de vous emmener dans l’univers délicat des Carnets de Vies de Paul. Ce dernier s’est donné mission pour de montrer aux Strasbourgeoises et aux Alsaciennes comme elles sont belles.



Carnets de Vies est un projet photographique personnel, lié à l’histoire du jeune homme qui vit et exerce à Strasbourg: « le fruit de deux ans et demi de travail. Deux années passées à tâtonner, explorer, essayer, se ramasser et parfois réussir de nouvelles choses ». Né d’une histoire d’amour qui a duré dix ans, ce projet est pour Paul une manière de s’exprimer, de partager quelque chose d’intime avec nous car pour lui la photographie est «plus qu’une passion mais presque une façon de vivre ».

© Carnets de Vies

Cette histoire d’amour qui a duré plusieurs années était malheureusement infiltrée par un sentiment qui a ruiné beaucoup de belles histoires : le manque de confiance en soi. Paul explique avoir été « profondément amoureux d’une adolescente, puis d’une jeune femme et enfin d’une femme ». Il a grandi, évolué, appris aux côtés de cette ex-compagne, sans que pourtant elle n’arrive à s’aimer, luttant avec un corps qu’elle n’arrivait pas à s’approprier malgré les encouragements et les mots doux de son entourage. Nous sommes nombreux à partager cette bataille quotidienne, se regarder, se voir des défauts fictifs qui nous gâchent la vie, étouffer dans des jeans trop serrés, se modeler dans des collants gainants-affinants-amaigissants, donner trop d’importance à un commentaire a priori anodin. Comment gérer sa vie de couple quand on sait que l’autre a mal, rejette une partie de tout ce qui nous émeut chez lui, chez elle ?

© Carnets de Vies

Ce projet s’est construit doucement, au fil des séances et des rencontres. Il a fallu quelques années à Paul pour comprendre ce qu’il cherchait à montrer au travers de la photo. Il a avancé dans son métier de photographe, se découvrant un intérêt pour le portrait, le nu et la photo de mariage. Il se perfectionnait mais en ayant constamment une sensation de manque, la recherche de quelque chose en plus, comme s’il effleurait l’ambition de son art sans jamais réussir à la toucher. Il s’est essayé à la photographie de nu en extérieur mais a rapidement abandonné ce style qui l’avait mené sur les dernières marches qui le conduirait à Carnets de Vies. Paul était émerveillé par les effets de la lumière naturelle sur les corps, ses glissements, ses couleurs.

© Carnets de Vies
© Carnets de Vies

C’est après une « tempête » avec sa copine (avec Paul on ne parle pas de dispute, c’est trop agressif) qu’il s’est remémoré son sentiment d’incapacité à lui faire voir toute sa beauté ; puisqu’il n’arrivait pas à lui dire avec des mots, il allait lui montrer ce que son œil voyait. C’est là que l’aventure de Carnets de Vies a commencé.

Paul veut nous montrer qu’il y a du beau en chacun de nous, que nous sommes beaux par-delà les diktats, l’hypersexualisation et les corps normés sous la lumière criarde des spots ; son principal outil de travail est la lumière naturelle. Il pose un regard bienveillant sur les personnes qu’il photographie, il prend le temps de créer une relation de confiance, de discuter, d’approfondir. Pour lui, la photographie ce n’est pas que montrer des corps, c’est aussi immortaliser une personnalité.

© Carnets de Vies

Quand on regarde son travail, on ressent beaucoup de douceur et d’intimité. Les couleurs sont tendres, agréables et vous envahissent de bien-être. La lumière glisse sur les formes du corps, se faufile sur les peaux, sublime les mouvements de nos chairs et de nos êtres. Des grains de beauté animent la peau comme tout autant d’étoiles dans le ciel, des petits seins se dressent de manière effrontée, les corps sont pulpeux et charnels, les regards apaisés. On ressent la douceur d’un moment complice ; le silence d’un dimanche matin, quand toute la ville dort encore et qu’on épie notre moitié déjà éveillée en train de se prélasser dans la douceur de cette parenthèse d’accalmie. On se demande bien où se trouvent les défauts qui dérangent tant les belles personnes qu’on a en face de nous. D’ailleurs Paul s’amuse lui-même : « À chaque fois qu’une cliente me contacte, elle trouve les modèles d’avant belles, radieuses et rayonnantes, se sent ridicule à côté d’elles. Et finalement le résultat de la séance lui plaît et elle se redécouvre sous un nouveau jour lorsqu’elle visionne les photos. Cette chaîne montre bien que l’on a souvent un regard bien plus sévère sur nous que les autres. »

© Carnets de Vies

Paul n’est jamais négatif. On ressent toute sa générosité dans chacune de ses photos. Il n’est jamais vulgaire et aime l’authenticité. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a choisi le portrait intimiste et plus particulièrement en lingerie, car la lingerie en dit beaucoup sur nous et notre rapport au corps. Elle nous rend vulnérable une fois que nous avons fait tomber l’armure de nos vêtements, celle qui nous protège du regard de la société. Paul aime que cette vulnérabilité entraîne un affrontement positif avec son appareil photo, qu’elle nous pousse à nous confronter à une autre image de nous-mêmes. Il le dit lui-même : « la lingerie permet de souligner une part de la beauté physique mais aussi une beauté de l’esprit ».

En les dévoilant, il veut montrer aux personnes qu’il immortalise qu’elles sont fortes, courageuses et qu’elles sont forgées par tout un panel de qualités ; il m’explique : « après m’être entretenu avec plusieurs clientes suite à leur séance, je sais que la satisfaction de leur côté concerne plusieurs points : le premier c’est la satisfaction d’avoir osé. Oser poser, oser se dévêtir devant un inconnu et devant un appareil photo et oser participer au projet alors que jamais elles ne s’en seraient senties capable auparavant. Puis vient la satisfaction de la séance. Malgré le fait que j’ai pris un long temps pour expliquer son déroulement par écrit, il existe toujours une petite appréhension avant. Et à chaque fois les clientes sont agréablement surprises que tout se passe facilement, sans aucune difficulté et avec le plus grand naturel du monde ».

© Carnets de Vies

Pour moi le pilier des travaux de Paul, dans Carnets de Vies et ses photos de mariage (oui parce qu’il fait aussi de la photo de mariage), c’est l’Amour avec un grand A ! L’amour de soi et l’amour de l’autre ; puisqu’il est difficile d’aimer entièrement l’autre si on ne s’aime pas soi mais qu’on peut apprendre à s’aimer au travers de l’autre (tu me suis ?). Et quand je lui fait remarquer, il est ravi que j’ai extrais la substenfique moëlle de son travail et nous encourage à nous laisser séduire par notre propre image : « J’ai commencé par photographier l’amour de l’autre parce que c’était ce qu’il y avait de plus évident et qui était le plus facile à capter. Mais avec un peu de recul, je pense que ces deux facettes de l’amour sont intéressantes, complémentaires et surtout indissociables. Et je pense que petit à petit les gens s’en rendent compte. Les gens prennent de plus en plus de temps pour eux, pour se redécouvrir, pour se sentir bien. Et, hasard des évènements, ce confinement forcé est une excellente raison de prendre quelques minutes pour se poser tranquillement et se demander quels rapports nous entretenons avec nous-même. La photo est un moyen parmi d’autres de se réconcilier avec son corps, son image, et l’image que l’on renvoie aux autres. Elle permet de se voir d’un point de vue extérieur mais également de reprendre confiance en soi, grâce aux images mais aussi grâce à la relation qui aura été nouée pendant la séance»

© Carnets de Vies

Pour conclure notre entrevue j’ai demandé à Paul ce qu’il ressent quand une modèle lui dit qu’il l’a aidée à cheminer, à apprendre à s’aimer. Est-ce une victoire, une douce satisfaction ? Il me répond que lorsqu’on lui fait un retour positif, que son modèle se sent belle, sensuelle et qu’elle s’empresse de publier les photos pour partager son nouveau point de vue sur elle-même, cela le touche droit au cœur : « On pourrait qualifier cela de douce satisfaction et de petite victoire en effet. Je me dis que ce soir, et à chaque fois qu’elle regardera ses photos, une petite vague de douceur la parcourra. Les messages du type « j’ai du mal à me dire que c’est moi qui suis sur les photos » ou « Je ne pensais jamais pouvoir être aussi jolie» me font un bien fou car je me dis que toute l’énergie, le temps et le travail investis dans ce projet ne sont pas perdus ».


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Charlie Picci Claude

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